L'Atelier
Coteilla 1997 |
COTIELLA
31 juillet
- 1er
août
1996
Bivouac au
bord de l’ion de Plan enchâssé dans les ors du couchant, humidité de la
nuit sous la pleine lune, toile de tente, toute la hantise de Marie Paule.
Réveil de
sac lesté de l'eau que l'on nous promet rare.
Elévation
rapide sur un balcon gazonné, edelweiss et asters.
Le gris
s'empourpre rapidement, les névés sont salutaires et les pas réguliers. Les rêves
débordants de la jeunesse égayent le silence des insolites murailles de Las
Coronas, que survole solitaire ce mystérieux gypaète.
Grandes
marches de calcaire, col, premiers horizons d'ouest (pain, saucisson, fruits
secs et eau). Partie de ballon dans le délire d'une mêlée improvisée sur ce
stade ocre de grès usé.
Et à nouveau
le pierrier de la Ribereta, maintenant le Cotiella nous apparaît, lointain dans
l'immensité de l'Era de las Brujas où les pavots orangés dans les gazons
minuscules, comme de frêles étendards flottent, rescapés des sabbats
nocturnes.
Souvenirs
dans le creux de la main, gourmande ! délicieuse chèvre blanche ...
Souvenirs aux
cornes rebelles dans de verdoyantes montagnes où l'eau chantait.
Isards, névés,
et encore le pierrier dans la chaleur d'onze heures jusqu'au bout de cette
croupe infinie où semble nager un troupeau de chèvres, légères dans l'azur.
Le pas est
lent jusqu'au sommet.
Plus rien ne retient le regard : c'est un centre.
COTIELLA
Univers baroque, architecture bouleversée, (je pense au Bernin) grands arbres (pins agonisants) colonnades jetées à terre, Marcel me conforte dans cette réflexion ,le soir même, au retour à l'Olem.
UNA, MEDIODIA, ONCE (sommets indicateurs des heures pour les habitants du village de Plan.
Le Cotiella est un vaste cadran solaire baroque (Didier ne dit-il pas "faire le tour du Cotiella"). L'idéal serait donc un vaste plateau rond surmonté d'une aiguille et cette aiguille serait cet arbre baroque.
La chèvre blanche : retour mélancolique sur le passé, ( vacances en Corrèze chez la tante Antoinette) jeux combats bucoliques tête contre cornes avec les deux chèvres que j'allais garder dans ces paysages verdoyants. La chèvre du Cotiella qui grappilla dans ma main quelques fruits secs vivait à l'inverse dans ce paysage désertique des sorcières, mais avait le même regard malicieux. Je songeais plus tard à la sculpture de Picasso.
Une peau de chèvre blanche serait idéale pour recouvrir le socle d'où l'abandon de la forme ronde pour un rectangle.
Le socle sera
en acier brut et ressoudé (contraste du dur aride et tendre doux)
Socle :
quatre pieds de chèvre, j'ai songé à de vrais pieds, mais la liaison
fragiliserait sa stabilité. En acier, l'ensemble sera plus cohérent.
Era de las
Brujas et le pavot parfumé : cette étendue calcaire où pousse cette fleur est
percée de trous, c'est de ces abîmes
d'où sortent les sorcières.
L'idée du
tiroir des sorcières était incontournable avec bien sûr une chèvre chevauchée
par des sorcières à tête de pavot sortant du tiroir.
Lorsque l'idée de la chèvre évoquée ou représentée s'est mûrement consolidée, j'aurai aimé à partir du socle recréer cet univers illimité de pierres tout autour de la sculpture par une multitude de petites chèvres blanches qui en périphérie du cercle changeraient de couleur (bronze doré par exemple), semblable au tour des horloges.