L'Atelier
Visaurin 2009 Bois reconstitué, pierre, objets |
LE
VISAURIN
22 juin 2003
Llano de Lizara,
Le bivouac d’été au milieu des buis odorants s’achève à la lueur de nos lampes frontales. Dans une demi- obscurité, avant que l’aube ne vienne, nous empruntons la sente du GR 11 qui mène au Cuello de lo Foratón. La pente est raisonnable, le chemin serpentant en longs zigzags, balafre les estives d’herbe grasse.
Les étoiles s’éteignent une à une, les parois du Visaurin s’illuminent de tons rosés auxquels succèdent les orangés et les jaunes. Le disque d’or apparaît.
Au col, l’air est vif. Les molles ondulations de l’ouest laissent filer le GR 11, il s’enfuit vers le Val d’Echo.
Nous voici véritablement au pied de l’ascension, la pente est forte, le cheminement en lacets brefs, se fait dans les éboulis de calcaire, les cairns nous emmènent rapidement vers le sommet surmonté d’une croix. Au nord le vaste panorama de la frontière s’écrête dans les rouges bruns d’Espélunguère, d’Allary et du Pic Rouge. Plus à gauche, le Castillo d’Acher, fier tableau fauve, hisse son hardie bâtisse minérale.
Le vent frais ne nous incite pas à la contemplation, avant Las Fetas nous descendons le vallon Ruabe où la neige accumulée dans ce versant nord facilite notre progression. Sur ce tapis blanc, épais et ferme, les pas répondent. Nous dévalons avec allégresse sous un soleil généreux vers les sources du rio Osia où nous nous restaurerons.
Le soleil est véritablement en son zénith, le retour vers Lizara, plein sud dans les parois de calcaire et au milieu des buis, s’effectue sous une chaleur étouffante.
LA SCULPTURE
Une de mes premières idées me fut suggérée par la forme des cheminées des habitations que l’on trouve dans cette région du Haut Aragon. Construite sen pierres issues des carrières locales, la cheminée aragonaise se caractérise par sa forme oblongue et conique. Afin protéger la maison des mauvais esprits, les empêcher de pénétrer par le conduit, on chapeaute le sommet d’une grosse dalle posée sur quatre pierres pour le passage des fumées. Sur cette pierre trône « los espantabrujas » les chasse-sorcières.
Cette forme peut se comparer à celle de la tente que nous avons utilisée pour notre bivouac, certes plus écrasée, mais se rapprochant aussi de celle de la Meta.
Aussi pour obtenir l’esprit de ce lieu intime, j’ai décidé de fermer la structure avec de petites planchettes de bois variés (caissettes, lambris etc.) A l’intérieur de cette « Meta/tente » un gros cœur rouge sur lequel sautille un petit oiseau, occupera l’espace bien à l’abri du mauvais sort ou autre sorcière de la montagne.
Au-dessus, un gros ressort de sommier, tenu en tension par ses cordes d’origine, supportera une forme plate, légèrement arquée, en s’évasant de haut en bas. Celle-ci articulée en son centre sur le ressort se soulève et s’abaisse pour évoquer la montée et la descente du pic par un chemin différent.
Les mots et les lettres dans la sculpture comme dans la peinture, m’ayant toujours intéressés, j’ai utilisé comme pour la « Meta /tente » les mêmes planchettes de caissettes de fruits et légumes d’origine espagnole, en laissant toutes les impressions y figurant.