Voyage sous le figuier, installation exposée à Vézénobres en 2007 Voyage sous le figuier,
dans le jardin de la villa Loreius Tiburtinus à Pompéi

Installation 2002 - 2007

Feuilles : entourage de bois ciré et filtres à café - de 110 à 200 de long
Figues : plâtre brut - de 50 à 135 cm de haut
Collages : technique mixte - 150 x 50 cm

Son : chants de grives et de fauvettes

 

Voyage sous le figuier, installation exposée à Vézénobres en 2007 Voyage sous le figuier, installation exposée à Vézénobres en 2007
Sous l'ombrage du figuier...

 

           De Pompéi à Vézénobres

                    La démarche créative est un territoire complexe que l’on arpente et découvre presque totalement, longtemps après avoir consommé sa propre œuvre.

    Cette installation et le travail sur la figue en sont les témoins évidents.

    Lorsqu’en 2001, je commençai mes études sur le projet, il me parut naturel d’évoquer mes voyages à Pompéi et l’intérêt profond que suscita  la visite de la villa Loréius Tibertinus. J’ai déjà dit combien, lors de mon premier voyage, j’avais été touché par la grâce inouïe de son jardin, à l’époque, envahi d’herbes folles.  Loin du brouhaha et de l’affluence de la via de l’Abondance, ce lieu de calme et sérénité est en harmonie totale avec la villa et ses fameuses fresques.

   Toutes mes pensées et mes recherches revenaient sans cesse vers les pieds du Vésuve, sans pour autant savoir pourquoi la figue en était devenue l’actrice principale. Or, c’est en préparant cette nouvelle présentation  pour Vézénobres, que resurgirent des éléments, à porter de mémoire, qu’il me paraît essentiel de mettre en perspective pour apprécier le processus latent et complexe de création. Je ne prétends pas en analyser tous les ressorts, mais rappeler simplement deux autres données factuelles, qui associées et combinées à la précédente ont pu engendrer et déclancher cette mise en œuvre.

    Il y a d’abord la présence d’un figuier à l’entrée de nos deux habitations. Celui de Mourenx est trapu et généreux, ces figues bleues sont abondantes et dès septembre  nous nous délectons de ses confitures. L’arbre de Bretenoux est certes moins fructifère, mais ses fruits lourds et suaves me rappellent les deux figuiers qui étalaient leurs ramures sur le mur ensoleillé des remparts où était adossée la maison de mes grands-parents maternels à Bretenoux.

    Le deuxième élément, peut être capital, exhumé du terreau fertile du passé, est la lecture il y a une trentaine d’années, des Poèmes à Lou du cher Guillaume. Les poèmes de ce recueil envoyés à Lou ont été écrits durant son séjour dans le Gard, à Nîmes où Apollinaire était en garnison  de décembre 1914 à Pâques 1915. Cette proximité avec Vézénobres est peut être la raison de cette plongée inconsciente vers le passé. Les Poèmes à Lou débutent par l’incontournable calligramme de la mielleuse figue, mais plus encore que son côté formel c’est l’association des deux mots : figue octobrine, que depuis je n’ai cessé de répéter. La fascination pour ce chromatisme verbal à la sonorité délicate est un des germes de mon travail. IL est à remarquer qu’octobrine est un adjectif créé par le poète, cette délicieuse trouvaille ne figure dans aucun dictionnaire de langue française.

    Donc ces trois faits : Pompéi, Apollinaire et les deux figuiers sont à la source de ce travail sur le vécu et la mémoire.

    IL y a jeu et jouissance à  A/ RAISONNER

                                           A/ RESONNER tous ces instants de vécu, démoulés de la gangue du passé, leurs échos amplifient le plaisir de FAIRE.

 

                     René Vidal

Mourenx le 2 octobre 07