De l'histoire de la cartographie aux premières représentations de paysages de montagne, un cheminement étonnant qui a séduit l'assistance, dimanche dernier, dans le cadre magnifique de l'abbaye de l'Escaladieu.
A l'Escaladieu, a été donnée une conférence à la trame autant originale qu'instructive. Elle a révélé que science et art ont été étroitement mêlés à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, lors de l'établissement des premières cartes topographiques où la difficulté majeure résidait dans la représentation du relief.
"L'œuvre des premiers géographes remonte à 1614 avec G. Mauran, à L. Froidour vers 1670, depuis les alignements de "taupinières" à la carte qui était alors un prolongement de la vision paysagère, rappelle Robert Vié, géographe et responsable des archives départementales des Hautes-Pyrénées. L'essentiel est la hauteur pittoresque."
Les premières cartes sont ainsi à chaque fois une œuvre d'art avec des dessins et des légendes imagées.
Ce n'est qu'à la fin du XVIIIe siècle qu'apparaissent des techniques plus élaborées pour la représentation des reliefs. Avec en point d'aboutissement les cartes de Cassini et son système d'ombres et de hachures puis les cartes en hachures d'état-major au XIXe siècle et, enfin, les courbes de niveau apparues dans les années "50".
A noter que ce n'est seulement qu'à partir du XVIIIe siècle que les Pyrénées ont fait l'objet d'études par des ingénieurs des ponts et chaussées.
Un voyage dans le temps séduisant avec Hélène Saule-Sorbé, enseignante chercheur en arts plastiques à Pau, qui retrace la genèse d'un mot aujourd'hui si courant : "Le mot paysage est apparu pour la première fois vers 1540. C'est un mot commun employé par les peintres, lié à une ascension du mont Ventoux, par Pétrarque. Le pays devient paysage quand on le déguste, en se déplaçant, en changeant de point de vue." La notion de paysage apparaît ainsi résolument liée à la jouissance esthétique, à la séduction chromatique, à la perspective aérienne en somme.
Une perspective qu'a très bien capté Franz Schrader avant l'essor de la photographie aérienne. A partir de son expérience des sommets, fasciné par la beauté des Pyrénées étalée à ses pieds. Il a, d'abord, dessiné des panoramas pour, ensuite, concevoir un instrument de relevés topographiques, l'orographe.
Sa formule - "par le beau, dire le vrai" - est le vecteur de toute l’œuvre de ce géographe, à la croisée de la science et de l'art.
Séduite, Hélène Saule-Sorbé a réalisé une série de vingt-quatre aquarelles à partir des vingt-quatre tours d'horizon de Schrader, publiés dans le "Bulletin pyrénéen", de 1912 à 1914.
René Vidal, sculpteur, a, ensuite, dévoilé le concept de ses sculptures ou comment l'ascension en montagne peut susciter la création, ascensionner avec la naissance des idées, prélever une pierre au sommet et, enfin, restituer les émotions vécues par la sculpture et aussi l'écriture.
De notre correspondante
Pascale Tilmant.