Août 1995
BIARS-SUR-CERE
La commune de Biars-sur-Cère ne laisse rien au hasard pour joindre à son expansion économique le souvenir de son passé récent. Ainsi, un projet de sculpture monumentale de M. René Vidal est avalisé par la commune jusqu'à l'approbation du directeur SNCF de la région de Limoges.
Il s'agit de refaire vivre des cendres le château d'eau SNCF, symbole de la traction vapeur sur la ligne Saint-Denis-près-Martel à Aurillac. L'œuvre par ses dimensions voudra symboliquement retracer toute l'épopée d'une activité économique et industrielle en intégrant par l'architecture un passé proche du centre de la cité.
Enfant du pays
Le maître-d'oeuvre, M. René Vidal, sculpteur, est un enfant du pays. ce qui a valu à la commune de Biars-sur-Cère, du temps où il était étudiant, de recevoir en don une statue en béton ornant actuellement le square Jean Moulin. Depuis, il s'est distingué. Elève du sculpteur Marcel Gili à l'Ecole nationale des Beaux-Arts de Bourges, de 1965 à 1969, il obtenait le diplôme national de sculpteur et depuis ses oeuvres se sont fortement influencées par le surréalisme.
L'œuvre entreprise représentera par la sculpture, un vase d'où sortiraient des tiges d'acier (rails) portant des fleurs (roues) d'où le titre donné de "Le Vase des fleurs du rail". ce vase cylindrique d'un diamètre de 6 m est habillé dans sa partie supérieure d'un décor de céramique colorée sur fond bleu. Les tiges-rails se dressent dans des courbes souples de 10 à 17 m de haut.
Symboles
Laissons parler M. Vidal pour exprimer la diversité des symboles utilisés à cet ouvrage : "L'ensemble du décor est une mosaïque en "opus incertum", c'est-à-dire un agencement des tesselles de formes irrégulières de 1 cm2 à 7 à 8 cm2". La surface totale de cette oeuvre est de 45 m2 et l'artiste réalise 1 m2 par jour en moyenne avec son aide. Sur le fond bleu (faisant allusion à l'eau initialement présente dans la citerne maintenant détruite), trois éléments répétés rythment l'ensemble.
Les rectangles jaunes (les plus présents) évoquent le chantier de traverses ;
Les roues de train, dont la signification est évidente ;
Les spirales pouvant évoquer les volutes de fumée des locomotives ainsi que l'expansion de Biars autour de la gare.
Dans la fenêtre murée, le décor (tentative de transparence du vase), les tiges des fleurs, avec un changement de matière (utilisation de terre cuite) doivent faire penser aux rails qui s'élanceront au-dessus de l'ouvrage...
Mais tout n'est pas que symbole dans la vie et la commune de Biars veille à son budget. L'enfant du pays consent un rabais à sa petite patrie pour ramener l'estimation des dépenses à 56.000 F.
Ensuite, cette oeuvre terminée, il ira comme les troubadours au hasard des chemins transformer toujours, au grès de son imagination, la matière en poésie.