Du 21 au 27 avril 1993
On voudrait souvent l'empêcher de s'écouler et parfois on le voit pas passer. Il arrive qu'on le perdre avec délice ou remords. Les plasticiens qui investissent l'espace parlent, eux aussi, de ce temps que leurs oeuvres voudraient défier.
René Vidal est sculpteur, enseignant d'art plastique et béarnais. Sur les murs de la galerie Art-Sud, ses collages sur fond de journaux et magazines nous rappellent que tout est relatif. Chaque oeuvre devient une sorte de vide-mémoire. Y voisinent la Guerre du Golfe, les starlettes en vacances et toujours la soucoupe du petit-déjeuner brisée par le poids de mots et le choc des photos. Le triangle bistre fait passer le café et mauvaises nouvelles. René Vidal favorise les rencontres : L'Humanité et la café de Cuba, Le Figaro et le Grand Arabica. Elle accueille Madonna et les dentelles de papier ont à la fois le parfum de la pâtisserie et celui de la lingerie féminine.
Visiblement, le Palois s'est bien amusé avec ses collages. Sa gourmandise et sa faconde peuplent aussi de grandes pièces, sortes de retables culturels : l'imprimerie à l'ancienne avec de grosses lettres en vadrouilles, l'atelier du sabotier avec ses instruments d'un autre âge.
Les souvenirs de toute origine se pressent dans cette exposition généreuse qui pousse l'amateur à fouiller les collages, les étagères et sa mémoire du même regard. Notre attention s'est arrêtée notamment sur les compositions de filtres à café dont le contenu et le rythme rappellent à la fois les collages, le cubisme analytique et les accumulations d'Arman. De quoi donner du tonus pour un moment.
Margueritte GASTON
Flash Toulouse