Lundi 17 novembre 1997

Expo / Galerie Galarza


Deux visions contrastées des sommets pyrénéens

Didier Sorbé et René Vidal devant leurs "Paysages partagés"
Didier Sorbé et René Vidal devant leurs "Paysages partagés". (Photo Alexandre Péré, Pyrénées-Presse).

L'Aneto, l'Ossau, le mont Perdu, le pic d'Er, Néouvielle, l'Ariel, l'Occabé, les massifs du Canigou et de Cotiella, la sierra de Guara et biens d'autres encore sont les vedettes de l'exposition "Paysages Partagés" de Didier Sorbet , photographe et René Vidal, sculpteur.

Pourquoi "Paysages Partagés" ? Parce que nos deux amis ont médités de longue date un tel projet - visiter ensemble divers sites pyrénéens - parce qu'ils se sont promenés ensemble sur les deux versants de la chaîne et ont pris pour thème les mêmes sommets.

Autant le dire tout de suite : le contraste est saisissant entre la version dépouillée, classique, presque janséniste, sensible aux modulations des vapeurs du gris et du blanc, que l'on observe dans les photos de Didier Sorbé et les sculptures polychromes, d'un baroque explosif, aux connotations souvent surréalistes (même s'il s'en défend), voire humoristiques, que nous montre René Vidal.

Chez Didier Sorbé, pas de présence humaine, sinon des traces : une croix sur un sommet, les brèches laissées dans la roche par l'exploitation d'une carrière de schiste et de nickel. Ses formats carrés en 6 fois 6 ou ses visions panoramiques en 6 fois 12, ses tirages argentines soignés, ses éclairages hivernaux contribuent à l'impression de solitude et d'immensité. C'est une vision introvertie, accordée à l'érosion de la roche, au travail de sape des éléments. Grouillantes aux contraires jusqu'au délire, les sculptures polychromes de René Vidal offrent un carrousel bariolé, multipliant la agencements de métal et de bois, les incrustations de mosaïque, les tiroirs secrets et les trouvailles bon enfant.

Là où le photographe prend peu de clichés, le sculpteur prodigue les notations écrites, accumule les croquis préparatoires aux crayons de couleur, emprunte à la flore autant qu'au minéral, couronne ses compositions de cailloux ramenés des sommets mais n'hésite pas à faire surgir d'étonnantes femmes-fleurs accordées aux pavots et aux rocs orangés du massif de Cottiela en Aragon, derrière une chèvre rencontrée en chemin. Autant de repères témoins d'un journal de bord fourmillant d'anecdotes.

Si la démarche est très différentes, la confrontation de deux visions d'un même paysage est riche d'enseignement, tous deux prenant pour devise la formule de Paul Klee : "L'art ne représente pas le visible, il rend visible."

Ces "Paysages partagés" exposés à la galerie Galazart, ont connu il y a quelques mois les honneurs d'Artexpo, la grande foire d'art de Barcelone et une critique élogieuse dans la presse espagnole. Ils font l'objet d'un dépliant recto-verso sous couverture cartonnée préfacée par Hélène Saule-Sorbé, aux Editions du Pin à crochets, 57, rue Carnot à Pau.