Les peuples et l'homme qu'exprime René Vidal ont toujours eu au fond des yeux la mort des loups et l'épouvante de la mort, le corps de la femme et l'amour de la vie, René Vidal nous le rappelle brutalement, nous interpelle.
Son oeuvre déroule devant nous l'intégration de la vie à la matière, la destruction de la vie par la matière, la négation de la mort dans ces "Jorns" limités dans le temps mais porteurs d'éternité, dans ces "Filha Polida" qui ne sont qu'une plaie mais aussi le triomphe du corps, dans ces "Batailles", dans ces sculptures où la vie s'enferme et à la fois déborde et jaillit du cadre, où notre regard semble toujours attiré par une serrure, une porte, une fermeture, un emboîtement définitif mais où notre regard se perd et se retrouve réduit à l'essentiel où se retrouve cette vie souterraine du geste et de la parole, cette lente vie des civilisations et des cultures longuement, sciemment étouffées.
Cette germination du nouveau, destruction du présent métallisé, l'irruption de la rondeur cette vie qui se fait matières diverses entrechoquées, cette femme mère ou Simonetta faite douceur et mère dans la torture.
Tout cela fouaillé extirpé de la matière,
une lenteur brutale des formes à la fois ébauchées et finies
René Vidal né et fait sculpteur au mitan de l'Occitanie au paroxysme du chêne, du juste et du métal
René Vidal la double face du dieu des Batailles et du fou de la vie les deux épaules face au soleil
la vie et la révolte, la vie et la matière échappent parfois à l'artiste
la vie et la révolte se font main et continuation de l'homme exécution sans sommations d'un présent privé de signification
René Vidal bâtisseur d'une vie qu'il fait nôtre.
Jean-Pierre TANNIOU
18 Juillet 1977