RENÉ VIDAL, SCULPTEUR

Né en 1946 dans le Lot, fils de sabotier, René Vidal a su garder le sens des origines. Su garder, cela veut dire que son souci constant est de ne pas s'écarter de cet étroit chemin qui parcourt la limite entre conscience et spontanéité, maîtrise et inspiration. La seule manière pour Vidal de vivre cette tension, c'est d'adopter un recul humoristique et malicieux, perceptible dans sa conversation, tout en gardant un enthousiasme et une naïveté inaltérés. C'est pourquoi, sous l'humour de ses oeuvres, percent des thèmes récurrents qui ne sont jamais sérieux mais toujours essentiels - vitaux. Il ne crée pas d'œuvre où il ne s'engage totalement, où il n'envisage pas de renouveler entièrement son monde ou de créer un monde. Ses multiples séries reflètent l'unité d'une pensée et d'un monde qui ne cessent de se construire, de s'élaborer, tout en réussissant à éviter la répétition, l'artifice ou la sclérose.

Les variations des Stères, inspirés librement de l'unité de bois coupé, évoquent la transformation du bois, la mise en coupe réglée de la nature par la culture, qui est au fondement de son travail et de ses origines familiales - à ceci près que lui, à son tour, essaie de redonner des formes naturelles à du bois artificiel : le contre-plaqué (humour, recul, ironie bienveillante et attachement aux origines). Ses Femmes, disloquées, élancées, enveloppées des turbulences de l'air et de l'eau, accompagnées de collages et de citations, un peu surréalistes d'inspiration - d'aspiration? -, renvoient aussi à la nature et à ses énergies. Dans ses Boîtes, où sont assemblés divers objets trouvés, se lit encore cette fascination pour ce qui se cache dans l'expérience ou ce qui fait éclater les cadres, pour l'énergie et les sensations que le quotidien renferme sans pouvoir les contenir: c'est pourquoi, ses Boîtes ne peuvent assumer un rôle de cadre et se trouvent réduites à celui de supports de la prolifération - inventive, humoristique, dérisoire. A travers divers objets à ressorts, Vidal évoque l'image qui caractérise le mieux la vivacité de son art: il est en permanence comme un diablotin bondissant, faunesque et jovial jaillissant de ses boîtes.

Le monde personnel et original de Vidal s'exprime aussi à travers des oeuvres de grand format que l'on peut voir dans de multiples lieux publics: La Femme au Paranuit (Musée des Beaux-Arts, Pau) Le Chaud et le Froid (IUT de Génie Thermique, Pau) Les Pompes-Oiseaux (Sortie de l'autoroute, Pau/SNEAP, Lacq), Ensemble "colonnes et mains solaires" (CES, Serres-Castet), La Femme du Parc Güell (Mairie Mourenx), La Machine à vagues (Maison de l'enfance, Mourenx), L'Aiguillon de la mémoire (Rond-point Mourenx).

Bertrand ROUGE

Maître de conférences à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Pau.