Vendredi 21 Juin 2002
D'HASPARREN à BARDOS
La montagne au coeur
Bardos. Les Pyrénées est le thème de l'exposition d'art contemporain.
Alexandre de La Cerda
Pour sa nouvelle édition, l'exposition d'art contemporain de Bardos qui s'impose depuis 23 ans comme un événement régional en matière d'arts plastiques et une des rares expériences en milieu rural avec celle d'Ostabat, propose une vision originale des Pyrénées à travers trois artistes béarnais, Hélène Saule-Sorbé, peintre aquaralliste, Didier Sorbé, photographe, et René Vidal, sculpteur.
Yann Corbineau, qui en est le chantre infatigable, s'étant appuyé, comme les années précédentes, sur la sélection opérée par le dessinateur Dominique Duplantier et le sculpteur Benoît Lasserre, professeur à l'Ecole de dessin bayonnaise, c'est dire la qualité des oeuvres présentées.
Dans les salles d'exposition du château de Salha, on verra ainsi les « orographies » d'une enseignante paloise à l'université de Bordeaux, chercheuse au CNRS, qui se qualifiant elle-même d'« enchaînée aux Pyrénées », rapporte d'une touche délicate ses excursions en montagnes, sur les traces de son maître, le peintre géographe Franz Schrader. Et les aquarelles d'Hélène Saule-Sorbé, enrichies à la feuille d'or et de collages de végétaux recueillis sur la Rhune, à Gavarnie et au Soum de port Bieil, côtoient les photographies de Didier Sorbé, collaborateur régulier de « Géo », « Reporter », « Le Monde » et autres grands magazines, dont on découvre la production au fil de nombreuses collections publiques ou d'albums aux « regards croisés » et « paysages partagés ». Ses images ont été, elles aussi, « taillées » dans la montage au gré d'escapades qui percent en 6x6 ou en 6x12 l'intimité de la roche et du précipice. Le même filet de lumière qui éclaire ses clichés inspire également les compositions de bois polychrome et de matériaux composite du sculpteur René Vidal établi à Mourenx. Sa rencontre avec Didier Sorbé a engendré une série d'oeuvres conçues à partir de randonnées aux sommets de la chaîne et revisitées à travers la vision intérieure de l'artiste. A propos de ses « sculptures narratives », le plasticien affirme qu'elles sont habités d'une « poésie qui a pris corps dans la matière, celle que l'on peut toucher, qui bouge avec la lumière, qui porte nos croyances et nos inquiétudes ». Les trois exposants de Bardos, qui sont déjà des habitués des espaces européens les plus réputés, participent assurément à cette belle idée.
Le Vignemale (1995), bois polychrome.