CLIN D'ŒIL
Le vase des fleurs du rail de René Vidal à Biars-sur-Cère Il s'agit d'une commande de la municipalité de Biars-sur-Cère faite en 1995, exposée près du passage à niveau. L'ancien château d'eau SNCF de la gare de Biars, symbole de la traction vapeur sur la ligne Saint-Denis-près-Martel à Aurillac, a été mis à profit par René Vidal pour être transformé en sculpture géante : relier le château d'eau au rail s'est imposé de suite comme une évidence. L'oeuvre par ses dimensions veut symboliquement retracer toute l'épopée d'un passé proche et d'une activité économique du XXème siècle. |
Symboles du Vase
Cette sculpture monumentale représente un vase d'où sortent des tiges d'acier (les rails) portant des fleurs d'acier (les roues) d'où le titre donné " Le vase des fleurs du rail ". Ce vase cylindrique d'un diamètre de 6 mètres est habillé d'un décor de céramique colorée sur fond bleu. Les tiges-rails, pour un total de 19 tonnes, jaillissent du pot et se dressent dans des courbes souples de 10 à 17 m de haut.
René Vidal m'explique de cette manière la diversité des symboles utilisés dans cet ouvrage : « L'ensemble du décor est une mosaïque selon la technique du « casson », c'est-à-dire qu'on prend une plaque de céramique, on la casse, et on agence les petits morceaux de formes irrégulières de 1 cm2 à 8 cm2 (on peut penser à un hommage à Gaudí) ». La surface totale de cette oeuvre est de 45 m2 et elle a été réalisée à raison d'1 m2 par jour en moyenne avec son aide. Sur le fond bleu (faisant allusion à l'eau initialement présente dans la citerne maintenant détruite), trois éléments répétés rythment l'ensemble :
1. Les rectangles jaunes (les plus présents) évoquent le chantier de traverses ;
2. Les roues de train, dont la signification est évidente ;
3. Les spirales peuvent évoquer les volutes de fumée des locomotives ainsi que l'expansion de Biars autour de la gare.
Dans la fenêtre murée, le décor (tentative de transparence du vase), les tiges des fleurs, avec un changement de matière (utilisation de terre cuite) doivent faire penser aux rails qui s'élancent au-dessus de l'ouvrage. Cette sculpture a coûté 56.000 Francs (soit 11 288 €).
L'artiste
René Vidal est né en 1946 et a vécu les deux premières décennies de son existence avec sa famille à Biars-sur-Cère. Il aménage actuellement une maison héritée dans la bastide de Bretenoux. Peintre et sculpteur il vit maintenant à Mourenx, aux environs de Pau. Élève du sculpteur Marcel Gili à l'École nationale des Beaux-Arts de Bourges, de 1965 à 1969, il a obtenu le diplôme national de sculpteur et il a surtout retenu de son maître qu'il « faut sculpter de l'intérieur ».
En 1967, du temps où il était étudiant, il avait fait don à Biars d'une statue en béton représentant un homme assis, qui a orné tout un temps le square Jean Moulin, devant la mairie, mais qui n'existe plus actuellement.
Il reste très attaché au pays et revient plusieurs fois par an voir sa famille et les endroits de sa jeunesse. Il a bien voulu me rencontrer en mars et m'a expliqué sa démarche : « J'aime bien travailler ce que j'ai vécu, j'y mets toute ma vie, mon ressenti (comme ce Vase). Tout en travaillant j'écris et souvent je pars du mot. Aucun sculpteur ne peut vivre de son art; j'ai donc enseigné toute ma vie, et j'ai trouvé des idées pendant mes cours ».
Depuis 1978 René Vidal est établi à Mourenx et travaille par série : Les Pyrénées, Gaudí (exposées à Barcelone et Madrid)... La série actuelle porte sur les « livres-boîtes » : il récupère des mots, des phrases d'auteurs célèbres (Flaubert, Rimbaud, Balzac...), en fait un montage qu'il « colle » sur un côté intérieur de la boîte, et sur l'autre côté traduit en petite sculpture ce que cela lui évoque.
En août 2014 René Vidal a exposé à l'espace Orlando, à Saint-Jean-Lespinasse.
Pour en savoir plus, consulter son site internet :
http://www.renevidal-sculpteur.com
Pierre Marrot
CÈRE & DORDOGNE -
86 - N°100 - Juillet à octobre 2015