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« La
série n'est jamais close.
», sourit-il en évoquant ses
sculptures des cimes, dont la première, hymne à l'Ossau,
Passagères
clandestines, date de 1986. Si son style se renouvelle au gré d'une
imagination féconde, sa démarche reste ancrée dans l'essence du pyrénéisme,
selon la trilogie à laquelle adhérent de génération en génération les vagabonds
de la "petite chaîne" : ascensionner, prélever, restituer. vivre une montagne
d'évènements intimes, l'intérioriser, et redonner forme à cette expérience
éphémère pour témoigner de l'alchimie unique qui s'accomplit entre le paysage et
la pensée, entre l'histoire et l'actualité. Entre soi et l'infini. |
De pic en pic, il suit la trace de son premier de cordée Didier Sorbé, avec
Hélène Saule ou d'autres proches (sa femme, ses enfants). Les deux artistes -
Didier s'exprime en photos, Hélène en aquarelles - lui offrent souvent des
présents incongrus... Tel ce squelette de parapluie, devenu symbole d'orage dans
la sculpture de l'Aneto. L'aventure est humaine avant d'être héroïque : l'amitié
alimente son inspiration aussi naturellement que la montagne elle-même. C'est en
marchant qu'il élabore la première ébauche mentale de la sculpture, fixant dans
sa mémoire la courbe d'un relief, le graphisme étrange d'un névé solitaire, état
de la terre et du ciel, ou le cataclysme d'une tempête imprévue. Une pierre
qu'il ramasse sur place va donner à l'oeuvre une sorte de carte d'identité
naturelle du sommet gravi.
De retour, il jette sur le papier une poignée d'émotions, cernant par écrit
ambiance et éléments. Puis l'action devient technique : il détermine volumes et
couleurs par des croquis, esquissés ou au contraire très travaillés. Ces
préambules débouchent sur la sculpture, qui le confronte aux contraintes de la
matière. Il explique : « Le processus de
création peut être très long, le temps tamise le vécu.
»
Le massif de l'Aneto |
« La course passe par l'endroit appelé Trou du Taureau, où naît la Garonne. J'avais en tête l'idée de corrida, et les paroles de la chanson de Nougaro, "A Toulouse, l'Espagne pousse un peu sa corne". Au centre de la sculpture, il y a ce trou, avec une patte de taureau que j'ai sculptée dans un morceau de bois offert par Didier et Hélène. » |
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La montée à l'Orhy a été rythmée par le son du vent. « Une musique sidérale, comme si la montagne était une harpe géante. » Les tiges de fer qui jalonnent une partie de l'itinéraire (autrefois servant à l'implantation de cabanes de chasse) sont d'acier dans la sculpture. Les éclats de cristaux symbolisent le gel qui paralysait la végétation. La course a eu lieu le jour de Pâques, d'où la présence sur le terrain d'un flot d'espagnols en pèlerinage, et dans la sculpture, d'un verre rouge évoquant le sang du Christ et la lumière rouge des églises. Pour contrebalancer d'un zeste de provocation douce ces références religieuses, René a monté sa sculpture sur des jambes de femme. Au retour, les randonneurs ont croisé des groupes folkloriques navarrais, aragonais et béarnais vêtus de costumes traditionnels et chaussés d'espadrilles, jouant des musiques de Pâques : au centre du souvenir, la musique. Et au centre de la sculpture, une guitare... revisitée par l'artiste ! Mapie Courtois |
boîte noire |
N° 249 - novembre-décembre 2003