L'Atelier

Pic d'Anie - juin 2003 - Atelier de Mourenx Anie
2003-2004

 

L’ANIE
L’Abérouat 6 octobre 2002
Marie Paule, Didier, François, Philippe, Dominique

A Baudelaire pour ce bel instant bleu.
A Baudelaire pour le poème : La Géante auquel l’Anie me fait irrésistiblement penser.

6H30, les faisceaux des frontales, saccadés au rythme de nos pas, griffent les troncs dans le bois du Braca. Ces lucioles porteuses d’espoir d’une journée inédite, s’atténuent sous la nuit étoilée quand lentement s’éclaire de blancheurs la montagne d’Azun. Cabane, eau, pelouses rases délaissées ; les troupeaux ont quitté les estives, les ombres du Coutendé se retirent des Arres grises, en dévoilant ces étranges reliefs découpés de lames acérées à la sonorité cristalline, lorsque nos pas les effleurent.

L’Anie resplendit ; ah, gravir le tétin de cette Géante. Le ciel est serein, les conditions de vol semblent idéales. Didier, François et Dominique, lourds de leurs sacs aux ailes repliées, se concertent.
Ça et là dans l’azur, les vautours me narguent ; déconcertante réalité, comment pourrai-je… !
Mes compagnons s’affairent. Les grandes toiles de couleurs s’étalent dans ce lieu chaotique où nous sommes redescendus.
Les cordes fines s’entremêlent comme celles d’un filet mal tressé .Les instructions me sont données pour l’envol ; courir, plonger vers ce vide là-bas, ensuite s’asseoir… l’instant est là, irrévocable, faire confiance à François.
Casqué de bleu, la course en tête…
François en ange gardien manœuvre tout ce faisceau de fils dans mon dos.
Départ, quitté ce sol pierreux. Tangage… la roche se rapproche dangereusement, droit dans l’obstacle… je frappe cette muraille d’un vigoureux coup de pied droit, que s’est-il passé ? François redresse la situation, nous prenons de l’altitude en nous stabilisant.
La voile est maintenant gonflée, le calme s’installe dans la sérénité retrouvée au dessus de cet automne qui imprime sous nos pieds des chaudes couleurs.
Etre en l’air, sans attache ou presque, en coexistence légère avec mon pilote. Semblable aux anges, plutôt aux putti, voyons donc. L’Anie est derrière : blanc seing de liberté, dé/voilée dans le vol où lévite la pierre.
Lentement, au gré de l’air et avec la dextérité de François, nous avançons vers le plateau Sanchez. Sa cascade scintille dans son bruissement, à nos pieds, comme une parure diamantée. Tournoiements, descente, survol,  et la pelouse tapissée de colchiques nous accueille : piétinement, pelouse ferme.

René Vidal

Retrouvez l'oeuvre achevée...