L'Atelier
Cambre d'Aze 2010 Bois peint, matériaux composites |
LA SCULPTURE
Inexorablement le lièvre gambadait dans mes souvenirs, et
lorsque la nécessité absolue de le mettre en scène arriva, il se dressa sur
ses pattes arrière en disant
:- Halte, pas touche à mes poils, Barry est déjà passé par là !
Qu’importe l’ultimatum du
lagomorphe, je passerai outre ; la bête en vaut la peine.
Hasard
Hase/art,
En effet quelque temps après notre
randonnée, le 17 mars 2004, je revis ce grand arpenteur, tout de bronze vêtu,
se pavaner dans les salles de la Galerie Lelong, rue de Téhéran.
Cette exposition des œuvres de
Barry Flanagan me permit de faire mijoter un peu plus le désir de
m’approprier l’animal, au risque bien sûr d’un vulgaire plagiat.
Le réemploi d’une forme aussi
signifiante de l’histoire de l’art contemporain me questionnait et me
questionne encore. Je suis toujours avec ce dilemme : faire, refaire !
Cet éclair dans le paysage, aussi
anecdotique put-il paraître, devint pour moi un événement considérable. Se
trouver face au lièvre, c’est évoquer l’enfance, les histoires de notre père.
Que n’ai-je entendu parler du mythe de ce gibier rare, devenu trophée de prédilection
des chasseurs. Mais aussi des textes de l’école primaire : « les
ruses du lièvre » d’Ernest Perrochon ou bien sûr « le lièvre de
monsieur Bompard » de Daudet.
C’est ainsi que me sentant légitimement
possesseur de mes émotions et ayant depuis longtemps la conviction que
l’expression de soi est le meilleur chemin vers la création, je ferais trôner
l’animal au sommet de cette sculpture, sans rien devoir à personne.
L’autre élément marquant, fut
indéniablement la présence de ces surprenants cairns, habilement appareillés
pour pouvoir s’élever ainsi jusqu’à près de deux mètres. Lorsque l’on
sait que le cairn est le témoignage successif du passage du randonneur, on peut
être surpris par la qualité du bâti au cours des ans. Mon souvenir idéalise-t-il
une forme que j’aimerai parfaite.
Donc pour signifier la course du lièvre,
trois cairns composeront la sculpture. Ils seront autonomes, et leur structure
sera recouverte de fragments de planchettes de caisses de fruits et légumes.
Ainsi se mélangeront les mots et impressions typographiques colorés.
Ils
seront surmontés de trois lièvres, celui placé au centre portera la pierre
enchâssée sur sa tête. Sur les deux autres, les lièvres seront des
silhouettes recto /verso en mouvement. Ils seront traités en aplat avec
l’emploi de radiographies.