460 | Ansabère, un siècle de conquêtes |
26 juillet 1997. « Le sculpteur des cimes » (36)
Un sculpteur, en voici un autre; il raconte :
Pont de Lamareich. Marie Paule chapeautée de noir au chemin familier sous le soleil. Vaches étonnées au milieu des iris; dans la sonorité bleue de leur collier, la pelouse est moite. Autour des gros blocs, les chevaux bruns nous ignorent. Aux cabanes matinales, c’est l’heure de la traite, les brebis attendent dans le parc. Salutations aux bergers, avant de continuer vers le col de Pétragène, l’herbe haute est grasse et humide, le chemin s’y dissimule. |
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Maintenant
les demoiselles s’offrent au soleil, dorées et immobiles, filtrant nos
efforts dans les pentes raides du col. Quelques névés gisent au pied des
parois blanches, des échos métalliques résonnent, emplissant la mémoire
du drame de Bernard [Baudéan]. Minuscule, dans la verticalité de la
petite aiguille, ce point coloré est-il humain ? Dans la fraîcheur du col, le calcaire crisse sous nos pas. Cairns et inflorescences nous font la route. Seuls au sommet, moments savoureux, à scruter les horizons connus qu’effacent épisodiquement des légères brumes. Ce sont les impressions d'un certain René Vidal (37), professeur d'arts plastiques, qui vient dans le massif. |
(36) | Article de Marie-Pierre Courtois, Alpinisme et randonnée, 2003, n° 249. |
(37) | René Vidal est arrivé en 1978 à Mourenx. Alors qu'il expose l'une de ses œuvres majeures au musée des Beaux-Arts de Pau dans le courant de l'année 1985, il fait la connaissance du couple Sorbé. « De cette rencontre naîtra une amitié sincère et féconde. Dès lors, René Vidal participe aux manifestations annuelle du « Courant d'art » chargées - à l'initiative d'Hélène Sorbé - de redonner un second souffle à l'art palois sur le point de s'essouffler. Si c'est avec elle qu'il franchit par la suite les Pyrénées pour aller exposer du côté espagnol, c'est avec lui qu'il découvrira les sommets, les pics et les monts renommés. C'est à cette tâche qu'il s'attelle depuis 1987 lorsqu'il réalise sa première ascension en second de cordée derrière Didier Sorbé dans la face Est du Pène Sarrière. » (Revue Pyrénées, 1999, n° 200, p. 438, article de Prisca Cazaux). Les Palois connaissent tous René Vidal pour côtoyer l’une de ses œuvres (sans le savoir peut-être) : « Les pompes oiseaux, sculpture pétrolière prés de l’entrée de l’autoroute. René Vidal commente : « Je crois avoir vu dans le mouvement de ces pompes à pétrole l’image d’un oiseau qui picore le sol béarnais. Pour moi, cette image est chargée de symboles : il ya donc, d’une part, le rappel de la naissance industrielle du Béarn, avec le pétrole et le gaz, et puis encore la vocation naturaliste de notre région qui est un passage obligatoire pour tous les oiseaux migrateurs ». (Article de M. Duthu, « Les oiseaux-pompes picoreront en Béarn », dans Sud Ouest, du 27 décembre 1989). |