Prisca Cazaux : Votre oeuvre est parsemée d'hommages directs à : Brassempouy, Piero di Cosimo, Bosch, Gauguin et de références plus discrètes à toute une palette d'artistes. Qu'est-ce qui fait la différence à vos yeux ?
René Vidal : Vous êtes vous rendue compte que vous n'avez cité que
des noms de peintres, à l'exception de Brassempouy ? Je pourrais ajouter Poussin
ou Masaccio. Il faut donc entendre rencontres plutôt qu'hommages;
certaines sont des coups de foudre, même si le plus souvent ce ne sont que des
citations.
Alors, comment pourrai-je hiérarchiser ses rencontres, sinon par la durée de
mes rapports avec les oeuvres. C'est parfois par leur mise en volume que se fait
la différence, comme la "Simonetta" dans l'Indedins
ou la femme en robe bleue du "Massacre des Innocents" de Poussin que
j'ai utilisée dans le tondo La
cible derrière une fenêtre noire.
Je vous fais remarquer d'ailleurs qu'elle ressemble étrangement à l'Eve de la
chapelle Brancacci. Et je l'ai représentée derrière une petite fenêtre dont
les vitres sont obstruées de bois foncé. Lors de mon premier voyage à
Florence, la chapelle Brancacci était en restauration et c'est furtivement, par
un orifice dans la toile de protection, que j'ai pu voler cette première image
de l'Eve. Je crois que cet acte n'est pas étranger à sa représentation.
Extrait de l'entretien "Un Homme, son
Oeuvre"
13 janvier 1999